Faut-il aller voir les Chats Persans?
Filmé illégalement, caméra à l’épaule, en 17 jours, avec un micro-budget, à Téhéran, avec des acteurs amateurs. Les Chats Persans ne partait pas en tête. On pouvait pressentir le film socio-pathétique, intello et soporifique. Il n’en est rien.
Askan et Negar sont deux musiciens Iranien qui cherchent à monter un groupe pour partir tourner en Angleterre. Ils parcourent ainsi toute la scène underground de Téhéran, où le rock est interdit. A cela s’ajoutent les combines pour obtenir visa et passeport, et le contournement d’une censure omniprésente.
La bonne idée du film, c’est de nous faire découvrir tout la scène indie-rock Iranienne. La surprise, c’est qu’elle est très créative. Si certains métalleux sentent un peu l’archaïsme, on rencontre aussi des petites perles de pop raffinée, du rock énergique et du rap intelligent. Le fait de voir tout ce beau monde jouer en cachette dans des caves ou planqués sur les toits de la ville n’enlève rien au charme underground des images.
Les choses se corsent quand le film tente de monter une histoire. L’oppression du gouvernement des mollahs est dénoncée sans lourdeur et avec humour, mais sans grande originalité. On ne peut pas s’empêcher de trouver certains plans un peu cheap et de hausser un sourcil devant le jeu des acteurs.
En bref: Il faut aller voir Les Chats Persans, pour peu que l’on soit curieux et amateur de musique. Il faudra pour cela, pardonner au film une forme moyennement convaincante et un scénario assez simpliste. Il a tout de même un mérite de plus en plus rare dans les salles obscures: nous faire découvrir un univers qu’on ne connaît pas.
Comme si, finalement, l’Iran était le dernier endroit où le rock peut encore se vanter d’être subversif.