Faut-il aller voir Le nom des gens ?
Arthur Martin a une personnalité aussi ergonomique que son nom. Il est plat, froid et jospiniste. Expert en oiseaux morts, il prêche le principe de précaution et boutonne ses chemises jusqu’en haut. Bahia Ben Mahmoud est souvent à poil et complètement barge. Elle déteste les fachos, mais passe son temps dans leurs lits pour les faire voter à gauche. Quand les deux se rencontrent, c’est un bon moyen de vérifier quelle expression a raison : “Qui se ressemble s’assemble” ou “les opposés s’attirent”.
En France, il y a pas mal de tabous à ne pas aborder, mais ils sont toujours portés par les même personnes : les victimes, leur descendance et leur discours perpétuel d’autoflagellation culpabilisante. En cela Le nom des gens ne manque vraiment pas de courage. Le film traite pêle-mêle de la Shoah, de la guerre d’Algérie et des extrémistes de tous bords sur le ton de la rigolade.
Au milieu de cet amas de blasphèmes salutaires, on respire et on rigole parfois, car le film réussit habilement à être politiquement incorrect en évitant les fautes de goût. La morale, si elle est simple est évidente, a le mérite d’être bien formulée : Au lieu de rester prostrés dans nos communautarismes et nos blessures, allons plutôt baiser sur un canap’. Jusqu’ici, tout va bien.
Malheureusement, Le nom des gens est un film raté. Point noir central, le personnage de Sara Forestier, caricatural jusqu’à l’extrême, est franchement horripilant : On a pas besoin de la voir à moitié nue pendant près d’une heure pour comprendre que c’est une fille légère. Au final, je ne sais pas si c’est l’écriture trop lourde où le jeu pataud de la demoiselle, mais elle ne passe jamais vraiment bien. C’est d’autant plus désolant que Gamblin est excellent.
Autre défaut, qui perturbera surtout les geeks : le cadrage est rarement beau et les couleurs sont toujours laides. On a l’impression de regarder un téléfilm mal mis en scène et le réalisateur n’arrange rien en multipliant les formats avec un goût douteux. Maintenant, la plupart de mes voisins de salles n’en avait rien à secouer des couleurs.
En Bref : Il ne faut pas aller voir Le nom des gens. Pourtant, le réalisateur ne manque pas de bonnes intentions : Le scénario est courageux, le propos est souvent juste et le film fait mouche, faute d’être beau. Mais il est trop hésitant et parfois vraiment cheap.
La moitié des gags sont trop lourds, les acteurs sont mal dirigés et la fin n’échappe pas au sentimentalisme pesant. C’est dommage. Mais que pouvait-on espérer d’un film qui se vante d’avoir Lionel Jospin en guest-star ?