Faut-il aller voir Sur la piste du Marsupilami ?
C’est l’histoire d’un truc jaune qui rebondit en Amérique latine.
J’ai la flemme de corriger cette copie. Pourquoi faire un effort, quand l’élève semble avoir bâclé son travail avec une telle désinvolture ? Un bon élément pourtant, ce Chabat : premier en vannes absurdes et décalés, acteur hilarant, réalisateur pas trop mauvais quand il s’agit de faire une blague tous les cinq plans.
Et là ?
Dés le début, le premier rire tarde à venir. Trop présent, Jamel reprend le rôle de Numérobis dans un décor différent. Il bégaye : “Fajitas de tu madre !”, “Passe moi le stetoscopos”, “Vamos a la playa”. Des guitares, des moustachus et des chapeaux mexicains s’agitent à l’écran. Au départ on se prépare. On attend l’énorme coup de bluff décalé qui va nous propulser le film.
Mais passé les cinq première minutes, il faut se rendre à l’évidence, Chabat s’évertue à nous faire rire avec des vieux clichés pourris sur les latinos. Pire, Jamel campe un malfrat bohême au grand coeur, qui recueille tous les orphelins du coin, le Marsupilami est une peluche mignonne et le personnage de Chabat veut reconquérir l’estime de son père. Et tout ces bons sentiments manquent cruellement de second degré.
Le premier quart d’heure s’étire et on perd espoir. On essaye de se remémorer le César de Mission Cléopâtre qui chante la bande originale, la voix off déréglée de la Cité de la peur ou même le comité contre les chats. Il va se reprendre voyons !
Mais Chabat ne se reprend pas. Malgré quelques supers vannes, il passe le plus clair du film à se parodier lui-même, et en moins bien : fausses pubs pas drôles, références à ses autres long-métrages et direction d’acteur inexistante (cet horripilant Fred Testot, qui n’a pas été drôle depuis le début de sa carrière).
En Bref : Il ne faut pas aller voir Sur la piste du Marsupilami. Trop convenu, trop facile, pas assez drôle. On a l’impression d’assister à la chute d’une vieille gloire du rock qui hurle un peu plus fort parce qu’il a beaucoup moins de voix.
Malgré tout, il est trop tôt pour enterrer le plus génial des Nuls : la sublime danse de Lambert Wilson et une scène de sexe occulaire canine risquent malgré tout de devenir cultes avec le temps. Un bon Chabat s’apprécie mieux à la quatrième vision, mais pas sûr que celui-ci les supporte.