Faut-il aller voir Party Girl ?
Normalement le contexte du film on s’en fout. Mais là non. Parce qu’à une exception près, tous les personnages jouent leurs propres rôles, celui d’une famille de Forbach rassemblée autour d’Angélique. Leur mère, fumeuse compulsive de clopes et accessoirement danseuse de cabaret. L’un des trois réalisateurs du film est aussi le fils d’Angélique.
Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’on serait vite tenté d’accuser le réalisateur de misérabilisme ou de tomber dans l’ethnographie malsaine du bobo qui filme des pauvres pour se donner bonne conscience et faire du “cinéma social” pour pas cher. Non. Le mec filme sa mère, sa famille et sa ville. Sans enlaidir, sans magnifier.
Et que filme-t-il ? Angélique donc. Pas vraiment marquise, pas très angélique non plus. Angélique est une chieuse. Un peu égoïste, un peu taciturne, pas très aimable, agressive quand elle est bourrée et un petit peu perdue. Elle s’apprête à se marier avec un ancien client et elle tremble à l’idée de s’essayer au sexe non-tarifé. L’ex-danseuse réunit ses enfants et ils fument des clopes.
Et puis voilà.
Même si certains personnages sont émouvants, d’autres un peu drôles et la plus jeune très touchante, on se demande parfois ce qu’on fait là. Chacun jouant son vrai rôle, on a un peu l’impression de regarder une vidéo de mariage très bien cadrée, ou un épisode de Strip-Tease un peu gênant.
Et on a pas vraiment envie d’être là. Parce qu’aucun personnage n’est vraiment attachant, parce que l’histoire crapahute un peu sans jamais prendre de hauteur et parce qu’à l’exception d’une formidable scène de ballons dirigeables, tout cela est quand même assez moche.
Et mine de rien, mon top 10 de l’année a beaucoup de mal à se remplir et ça commence à m’inquiéter. Je vais quand même pas mettre deux fois Dolan dedans ?
En Bref : Il ne faut pas aller voir Party Girl. Parce que les réalisateurs ont beau être sincères dans leur propos, leur film manque de chaleur, de souffle et de beaucoup d’espoir. On est dans le dur, dans le glacial, dans le triste. Et ils nous envoient ça en septembre, aux deux tiers d’une année d’hécatombe cinématographique, et à côté d’une palme d’or grisonnante.
Fais chier les mecs ! Moi je veux des licornes qui galopent au ralenti, des oiseaux qui font de la playstation et des couleurs saturées ! Pas le mariage raté d’une vieille call-girl.
Et en disant ça, je suis pas fier tu sais.